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Anjta

  • Photo du rédacteur: Alexandre Salcède
    Alexandre Salcède
  • 12 mai 2019
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 juil. 2019


Aristide Maillol, La Vague, 1891-1898

- Allez-y, oui,continuez.


Elle nous avait dit qu'on arriverait avant la pluie. Cela faisait deux heures que nous marchions. Le soleil allait et venait dans la mer de nuages qui déferlait à toute vitesse sur fond de ciel bleu. J'avais emporté mon parapluie mais je réalisai qu'il me serait inutile le cas échéant tant le vent était déchaîné. Il aurait tôt fait d'en faire sauter les baleines, d'en retourner la toile, d'en briser le manche. Autour de nous, pas un seul arbre, pas un seul rocher creux capable de nous abriter en cas d'averse. Les nuages, de plus en plus noirs à mesure que nous approchions, s'amoncelaient au- dessus du Vieux-Château.


La vieille femme avait raison, comme tous les autochtones de cette île qui ont avec la nature un lien mystérieux que nous avons perdu. Je n'avais pas eu l'occasion de la remercier pour ce précieux renseignement et sa juste prévision car, le temps que je me retourne vers elle après avoir ramassé mon appareil photo qui était tombé de mon sac, elle avait déjà disparu. Le virage les avait avalés, elle et son vélo. Elle avait eu raison car, une fois passé le pont de bois branlant – le château était lui-même sur un large rocher abrupt, isolé de l'île -, il commença à pleuvoir.


Anjta et moi n'avions pas échangé un mot de tout le trajet. Parce qu'elle traînait des pieds, plus par caprice que par fatigue, je marchais loin devant elle. J'arrivai donc seul devant la herse fermée sur laquelle un mot manuscrit avait été accroché : « PROCHAINE VISITE:                      » L'absence d'horaire sur la petite affiche m'inquiéta. La pluie s'intensifiait. Je commençais à apercevoir le ciré jaune d'Anjta dans le virage. Comment allais-je lui annoncer que nous étions venus jusqu'ici pour rien et qu'en prime elle allait devoir endurer un orage sur le chemin du retour ? J'allais devoir moi-même essuyer une tempête de reproches muets, ses yeux verts – vous y auriez bu, vous aussi ! - s'obscurcissant comme l'océan à mesure que le soleil disparaît et que le tonnerre gronde.


Elle m'en voulait de quelque chose, de toute façon, depuis quelques jours. Rien de tout ce que je faisais ne lui convenait, à elle qui d'ordinaire était si conciliante. Je ne suis pas du genre à imputer les humeurs des femmes à leurs marées, mais il fallait avouer qu'elle était pour le moins lunatique depuis notre arrivée.


Le matin même, je m'étais réveillé en sentant son regard au-dessus de moi. Cela faisait un moment que je l'entendais faire les cent pas sur la pointe des pieds dans la chambre. J'avais senti son poids sur le lit, le trou creusé par ses genoux à ma droite sur le matelas. Lorsque j'avais ouvert les yeux, son visage n'était qu'à quelques centimètres de moi. J'avais d'abord cru qu'elle voulait m'embrasser. Je tendis les lèvres mais elle sauta en arrière et disparut dans la salle de bains. Son immaturité me désespérait : je soupirai en refermant les yeux. Quelle idée j'avais eue de me remettre en couple avec une gamine. Quand j'y repense, j'aurais mieux fait de ne dissimuler son existence à personne. Quelques amis peut-être auraient pu me mettre en garde.


Lorsque je rouvris les yeux (il me semblait que cela n'avait pas duré plus longtemps qu'un battement de cils), la porte de la salle de bains se rouvrit. Anjta traversa la chambre en direction du salon, nue et mouillée, les cheveux enroulés dans une serviette, sans un regard pour moi. Ses seins sautillaient à chacun de ses pas et j'eus envie de m'extraire de mon lit quelques secondes, le temps de l'attraper, de la saisir à deux bras et de me jeter avec elle dans les draps. Mais ses cris me coupèrent dans mon élan. Il fallait que je me lève, et vite, car j'allais nous mettre en retard. D'un bond je sortis du lit, furieux de n'avoir pu mettre à profit cette érection que son corps au réveil m'avait inspirée, d'autant que mon impuissance était la cause de bien des disputes (et la raison inavouée de mon divorce). J'allai immédiatement dans la salle de bains pour me doucher. Le sol, que je m'attendais à trouver inondé, semblait avoir séché. Les yeux toujours lourds de sommeil, j'allumai l'eau, mis les deux pieds dans le bac de douche encore chaud et commençai à uriner.A mes pieds, je m'aperçus que le liquide qui s'évacuait avec difficulté – elle aurait pu me dire que la douche était bouchée - était rosâtre. J'eus peur, dans un premier temps, de perdre du sang par le sexe- ce qui peut arriver, m'a-t-on dit, quand on a des fragilités vasculaires (mais à mon âge et avec ce qu'on entend, sait-on jamais). Puis je me dis que c'était peut-être plutôt le sang d'Anjta, ce qui aurait pu expliquer sa fuite dans le salon pour récupérer dans la valise ses protections périodiques. Je dis ça comme ça, je ne sais pas comment dire autrement. Je n'en sais rien, je ne sais pas comment elles font pour se sécher quand elles ont leurs règles. A mon âge, me direz-vous... Et vous aurez raison. Je ne sais rien des femmes. Ce n'est pas faute d'avoir cherché à les étudier. Toujours est-il que cette explication me rassura sur mon état de santé et sur le bon fonctionnement de mon sexe – et du sien (il ne m'aurait plus manqué que ça !). Avantqu'elle ne me reproche de n'avoir rien fait pour la douche, je décidai de soulever la grille au fond de l'eau qui stagnait. C'est alors que de petits corps verts et visqueux remontèrent en multitude des canalisations, en même temps qu'une forte odeur de poisson.


« Ce sont des algues. Elles ont envahi tout le réseau nord de l'île. Tu vois, quand tu ne voulais pas me croire que l'eau n'était pas potable. » Elle cherchait à me rassurer mais sa voix était dure. Je dus avoir l'air très dégoûté et angoissé car elle changea immédiatement de visage et me serra contre elle brièvement – assez longtemps toutefois pour qu'en bas renaisse la possibilité violente d'un ébat. Et c'est là, dans la buée empuantie par les miasmes des canalisations, qu'elle me posa cette question bizarre : « Tu as déjà eu envie de tuer quelqu'un ?»


Je me suis redressé, j'ai refermé mon peignoir, resserré ma ceinture. J'ai dit quelque chose comme : « De quoi tu parles ? » Je me suis assuré qu'elle avait les mains vides. Elle est restée quelques instants comme ça, agenouillée, les yeux levés vers moi. Interdite, comme si ces mots étaient sortis de sa bouche malgré elle. Et l'instant d'après, elle semblait tout à fait tranquille, ne voyant vraiment pas ce qu'elle avait pu dire de mal. « Tu exagères toujours tout. Qu'est-ce que j'ai dit encore, il n'y a pas mort d'homme.»


Elle m'avait dit, quelques jours plus tôt : « tu verras, c'est le paradis», pour me convaincre de l'accompagner dans cette petite maison où elle avait passé toutes les vacances de son enfance. Ça commençait bien. J'avais cru, moi, à ses yeux verts qui souriaient. En arrivant au port, j'étais allé récupérer la voiture que j'avais louée, une 4L vert d'eau, « comme tes yeux ».Ça m'était venu comme ça. Ça l'avait fait rire. On avait tout de suite fait le tour de l'île en suivant les routes littorales, fenêtres ouvertes, cheveux au vent, dans l'odeur grasse et sucrée des ajoncs. Je m'étais arrêté sur un petit chemin de terre à proximité de la mer, je l'avais allongée dans l'herbe. Sans égards pour sa petite robe d'été, je lui avais fait l'amour, à la folie. Sa peau froide, loin d'apaiser mes ardeurs, m'avait rendu ma vigueur perdue. Elle ne gémissait pas, elle ne criait pas, mais elle fuyait de plaisir.Elle se liquéfiait littéralement sous moi en une rosée qui, mêlée à la terre, formait une boue dans laquelle nous avons eu plaisir à nous ébrouer.


Nous étions heureux, un peu comme dans les films. Nous étions ridicules, comme tous les gens heureux.


Mais ce matin-là, l'enchantement de la voiture n'opéra pas. Après m'être habillé et avoir avalé mon café à toute vitesse, tremblant d'un mélange de fatigue, de rage et de peur, je montai dans la voiture. Je n'eus pas la force de me taper la tête contre le volant lorsque je constatai que la voiture toussait trop pour démarrer. Anjta, à l'extérieur, me regardait m'acharner sur le contact de la voiture en panne. Elle a haussé les sourcils en soupirant avant de pousser le portail bleu. Comme si c'était de ma faute. « Comme si c'était de ta faute... Mais rien n'est jamais de ta faute ! Tu peux pas prendre tes responsabilités, pour une fois ? On ne t'avait pas dit, peut-être, qu'il fallait mettre de l'essence ? Tu n'as pas vu que l'aiguille était dans le rouge ?»


Et maintenant, la herse fermée. La visite du château impossible. Et la pluie menaçante. Elle passerait à l'acte, cette fois. Je craignais pour mes vacances, pour notre couple, sinon pour ma vie. J'exagère à peine. Elle me donnait l'impression, parfois, d'être légèrement instable, de pouvoir basculer à tout moment.


Elle venait vers moi d'un pas tranquille, comme si les trombes d'eau et le vent ne l'impressionnaient pas le moins du monde. Au moment de franchir les dernières planches de bois du pont, elle a regardé dans ma direction. J'ai croisé son regard - et le regard de Dieu. Derrière elle, un éclair avait traversé le ciel noir de part en part, le lacérant de coups de fouet électriques. Le tonnerre et son écho dans les rochers me terrifièrent : c'était comme si les pierres du château s'écroulaient toutes ensemble sur moi. L'océan, de l'autre côté du bâtiment, hurlait. J'entendais les vagues s'écraser avec fracas contre les tours. Puis il y a eu quelque chose comme dix secondes d'un silence inexplicable où tout se figea anxieusement. Anjta était debout à l'autre extrémité de la passerelle, la dernière fois que je la vis. Une vague déferla sur elle, la gifla au sol et la traîna après elle par les cheveux, comme une vulgaire algue, plus de vingt mètres plus bas, sur les rochers. Les aboiements du vent et de l'océan couvrirent son cri et le choc d'après la chute. La terre tremblait sous moi : je crus m'évanouir.


Une voix s'élevant derrière moi de l'autre côté de la herse me sortit de ma stupeur. C'était une vieille femme dont je ne pouvais distinguer le visage, tant la pluie était forte et m'obligeait à froncer les yeux. Elle actionna une manivelle à toute vitesse, aussi simplement qu'on tourne un loquet, ce qui eut pour effet de soulever la porte de fer juste assez pour me laisser passer. J'hésitai à faire demi-tour, à regagner la terre ferme mais je vis que l'eau avait également emporté une partie du pont. Affolé, sans souffle, je me penchai sur le gouffre énorme : l'écume, à la surface de l'eau, était rouge. Le vertige m'agrippa. Je vacillai. C'était comme si le sang d'Anjta m'appelait. Je suivis donc l'étrangère en courant comme un dératé, trébuchant sur chaque dalle, jusqu'à une petite salle sombre.


Je pleurais. Je hurlais comme un fou le nom d'Anjta et l'écho, au lieu de l'atténuer, l'amplifiait, miroir de ma douleur. La pauvre femme comprit, à ma détresse, que j'avais perdu quelqu'un dans la tempête. Elle me fit asseoir, m'apporta de l'eau chaude dans laquelle un sachet de thé vert au jasmin infusait. « Ce n'est pas de l'eau de l'île, vous pouvez y aller. »


- Vous voulez un verre d'eau ?


**


La femme, qui était de petite taille et avait une voix tremblotante de vieille affolée, sortit de la salle pour se rendre à l'accueil, du côté de la tour Nord, où se trouvait le téléphone. Elle me laissa seul, trempé jusqu'aux os, assis près du petit poêle, partagé entre le besoin de chaleur et mon dégoût des émanations de fioul. Autour de moi, une flaque s'était formée sur les dalles de pierre. J'aurais aimé qu'un feu de cheminée conjurât le froid et l'obscurité de ce tombeau. Lorsqu'elle avait ouvert la lourde porte, j'avais entendu le bruit du vent et de la pluie dans la cour. Ce n'était pas le moment de sortir chercher Anjta. Il n'y avait aucune fenêtre aux murs de la salle. L'unique source de lumière était une petite lampe-tempête posée sur un bureau où se trouvaient dans le plus grand désordre des papiers, des cigarettes consumées jusqu'au filtre au fond d'un cendrier vert, de vieilles pièces et des livres. L'un d'entre eux était ouvert à la page d'un tableau de numismatique. Même sans être expert, il était facile de voir que la pièce posée sur la page de gauche était la même que celle représentée par l'illustration de la page droite. Sur le revers, un trident, représenté simplement, d'une seule ligne. Je reconnus celui qu'Anjta avait sur une des phalanges de sa main droite. C'est un symbole de l'île, je crois, ou de ses habitants. Je ne suis pas particulièrement féru de mythologie mais je sais que c'est l'attribut de Poséidon – Neptune, dieu des mers et de ceux qui la peuplent. Sur l'avers, trois tours, celles du Vieux-Château probablement.


J'approchai la lampe et me penchai sur le livre. Je ne me souviens pas exactement des mots employés mais ça racontait l'histoire des lieux. Sans doute la vieille femme était-elle passionnée par le passé. A moins que ce ne fut par l'histoire de ses ancêtres, car quelque chose me faisait associer toute sa personne au château. J'imaginai qu'elle y était née, qu'elle y avait grandi et qu'un jour elle avait eu l'idée de le partager avec le commun des mortels, pour être un peu moins seule. Je ne sais pourquoi je lui inventai ce trait de caractère car rien, dans son attitude envers moi, ne pouvait me laisser penser qu'elle était rustre ou sauvage. Construit à la fin du Moyen-Âge, il avait servi de rempart face aux éventuels assauts d'envahisseurs barbares. Il avait traversé les siècles, droit comme une tour de cathédrale face à la mer. Il me semble qu'un jour, un prince quelconque décréta que les militaires postés là et entretenus par ses soins étaient un luxe inutile. Il supprima leur charge et les abandonna à eux-mêmes, sans aucun recours possible. Je suppose qu'ils restèrent là, vexés et fiers, habitués à cette vie isolée, sauvage. Habitués à scruter la ligne d'horizon nuit et jour, dans l'attente anxieuse d'une approche, d'une menace qui justifie leur présence sur ce caillou désert, qui légitime leur existence sur la terre. Beaucoup d'entre eux moururent avec la maigre satisfaction de n'avoir jamais échoué à défendre le Royaume, simplement parce qu'ils n'eurent jamais à combattre ou à risquer leur vie pour lui. Lorsqu'ils se retrouvèrent désœuvrés, je crois qu'ils firent scission – c'est comme ça qu'on dit, non ? Ils proclamèrent la naissance du Royaume d'Isola Oja. A la mort de son premier roi, qui survint peu de jours après son couronnement, une femme prit le pouvoir. Elle s'appelait Jeanne. La légende dit qu'elle écrasa ses opposants dans le sang, qu'elle les fit pendre haut et court d'abord le long de la côte et qu'ils restèrent là, ballottés par le vent, jusqu'à ce qu'il les emporte et que la mer s'ouvre pour eux comme un tombeau. On raconte aussi qu'elle les avait fait pendre nus pour pouvoir recueillir leurs dernières semences, celles de l'ultime jouissance, dont elle s'enduisit le corps entier. La lune, ce soir-là, avait rougi devant tant d'horreurs.


- Revenez un peu, je vous prie, à Anjta et au présent.


Je ne sais combien de temps exactement je m'abîmai dans cette lecture. Ce que le grimoire jauni ne dit pas, c'est pourquoi le château avait été bâti en premier lieu. Il évoque bien sa fonction militaire mais elle ne fut son destin qu'après-coup. Des fouilles archéologiques en cours, m'a-t-on dit récemment, confirment mon hypothèse : il existait, au début de cette construction, un premier château, beaucoup plus grand, capable d'accueillir une petite cour,propre à donner à un seigneur le sentiment de sa grandeur. De plus, sa position était plus stratégique car il faisait face au seul horizon dangereux, celui qui fait face à l'Angleterre. La nouvelle bâtisse, à l'autre bout de l'île, était plus une prison qu'un château. Pourquoi donc s'exiler ainsi encore plus ? Eh bien, je ne pouvais pas moi- même imaginer meilleur asile pour pleurer Anjta. J'aurais voulu pouvoir y finir ma vie, seul, à mêler mes larmes à la plainte du vent, nu dans la nuit froide, enseveli dans ce tombeau face à la mer.


Sur ces pensées romantiques, les policiers sont arrivés. Je me demandais bien d'où ils pouvaient venir, comment ils avaient pu accéder au château sans la passerelle. Ils m'ont demandé si j'étais bien Olivier Lahire et vous connaissez la suite.


– Tout le monde n'est pas tout à fait d'accord à propos de la suite. Votre version nous intéresse.


Eh bien, ils m'ont signifié que j'étais en état d'arrestation. Ils m'ont passé les menottes et m'ont fait savoir qu'ils m'embarqueraient quand la pluie se serait calmée.


J'ai obtempéré sans aucune résistance. Je me suis rendu. Même si je l'avais voulu, aucun son ne serait sorti de ma bouche. Ma conscience était, de toute façon, complètement blanche. Il faisait nuit lorsque je suis sorti dans la cour, les mains dans le dos. Le ciel était clair et la lune déversait sur les pierres pleines d'écume une rivière de lait. Elle faisait comme un trou dans l'obscurité. Je me suis arrêté quelques secondes pour sentir sa lumière sur moi. Le vent dans mes cheveux toujours mouillés m'a fait frissonner. C'est alors que j'ai entendu comme un crissement, le bruit que ferait le métal contre l'ardoise et que, me retournant vers la source du bruit, j'ai vu, dans la pleine lumière de la lune, une femme rousse qui déambulait le long du chemin de ronde. Elle était nue et ses cheveux formaient sur sa tête un étrange monticule instable qui lui retombait sur le front en feuilles et en cloques. Elle s'arrêta face à nous, s'allongea lentement contre les pierres, écarta ses jambes, comme pour l'amour, agitées de spasmes incontrôlables. Je sentis le désir en moi comme une lame de fond. Je me mis à courir, contrairement à ce qu'ont pensé vos collègues, simplement parce que je devais obéir à l'instinct qui me poussait entre ses cuisses. Je crois qu'ils ne s'aperçurent pas tout de suite de mon échappée car j'eus le temps de gravir toutes les marches jusqu'à elle, d'enfouir mon visage dans son sexe, d'en goûter la saveur avant qu'elle ne se répande en cris stridents de plaisir.


Je sais que vous croyez ce qu'on vous a dit, qu'on m'a retrouvé jappant comme un chien, les genoux dans une flaque d'eau, des algues plein la bouche. Mais je vous jure que c'était elle, c'était Anjta. Je vous jure qu'elle n'est pas morte. Ce n'est pas moi qui l'ai tuée !


– Monsieur Lahire, vous savez bien qu'Anjta n'a jamais existé. Ce n'est pas elle que l'on a retrouvée sous cinquante centimètres d'eau sur un chemin isolé menant aux pâturages, gonflée comme une outre après au moins deux jours passés dans l'eau. Anjta Lyszla n'existe nulle part. Nous n'avons pas trouvé ses affaires dans votrelocation.


– Vous êtes arrivé seul, tous les témoignages s'accordent sur ce point. Nous avons besoin de vous pour identifier la victime. Ses proches ne la reconnaîtraient probablement pas. Pour l'instant, aucune disparition n'a été signalée sur l'île.


– Où l'avez-vous croisée ?


Vas-y continue elle aime ça elles aiment toutes ça vas-y


– Avez-vous parlé avec elle?


Je vais au Vieux-Château, vous pouvez me déposer ?


– Connaissez-vous son nom?


– Vous êtes seul sur toutes les photos que l'on a retrouvées dans la carte mémoire de votre appareil photo. Qui les a prises?


Mais tu vas la boucler, pétasse ? Cogne-la, ça va la calmer étiez-vous sous l'emprise de

la drogue que vous disaient les voix qui vous parlaient elles veulent que tu bandes et quand tu bandes elles ont mal à la tête vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé


Mon château ! Mon château !

 
 
 

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